La Jetée de la Compagnie (Lausanne) et La Galicienne (Prilly)

Tout a commencé avec un petit groupe d’amis qui souhaitaient que les gens puissent accéder plus directement au Léman à Lausanne. Ces personnes, qui disposaient d’expérience dans la gestion d’entreprise et l’organisation d’événements, ont fondé à la fin 2014 l’association «I lake Lausanne», puis se sont mises à la recherche d’un lieu approprié.

Un paradis au bord du lac: la Jetée de la Compagnie (Lausanne)

C’est ainsi qu’ils ont trouvé la Jetée de la Compagnie, un quai abrité d’arbres qui se termine en impasse et qui avait été quelque peu oublié, à proximité d’une place de stationnement pour gens du voyage, derrière le port abritant les bateaux de la Compagnie générale de navigation (CGN). Après avoir déposé leur projet, ils ont obtenu de la Ville de Lausanne l’autorisation d’animer les lieux. La commune a également mis à disposition un conteneur en guise de buvette.

Conçue pour ne durer que trois mois en 2015, cette initiative a eu un énorme succès, si bien que la commune a lancé un appel d’offres, qu’a remporté l’association. L’année suivante, il a fallu obtenir une autorisation, qui a exigé beaucoup de patience de la part de l’association, car 19 services municipaux et 10 services cantonaux étaient impliqués dans la procédure. Un deck en bois long de 150 mètres a été mis en place, pour inviter les gens à s’allonger. Le projet, initialement géré par des bénévoles, a commencé à se professionnaliser. Des manifestations dans le domaine de la culture, du bien-être et de la dégustation, sont venues compléter l’offre de restauration.

La Jetée de la Compagnie est désormais si appréciée que la radio Couleur 3 y a installé un studio mobile, d’où elle interviewe notamment des personnalités de la scène musicale, tout cela sans agitation, dans une ambiance détendue. Au vu de la grande affluence, la Ville de Lausanne a installé des supports pour vélos.

L’association «I lake Lausanne» axe son action sur le développement durable. Elle propose ainsi des produits régionaux, comme des poissons du Léman, utilise des toilettes sèches et gère les déchets de manière exemplaire.

Un lieu idyllique en périphérie urbaine: La Galicienne (Prilly-Malley)

Au vu du succès de l’association «I lake Lausanne», les communes de Prilly et Renens, dans l’agglomération lausannoise, l’ont contactée pour lui proposer d’exploiter un bar temporaire sur une surface laissée en friche depuis quinze ans, dans la zone de développement de Malley-Gare. Il ne s’agissait pas seulement d’animer la friche: dans ce terrain vague situé en partie sous un viaduc ferroviaire et en partie à côté de celui-ci, la commune voulait discuter avec le voisinage de l’avenir du secteur. L’association a accepté l’offre: elle a installé deux conteneurs pour la restauration, érigé une plateforme en bois et ouvert le site en avril 2016.

Comme la commune de Prilly avait participé au lancement du projet, il n’y a pas eu de grandes complications pour l’obtention des autorisations. Grâce à une offre adaptée, ce nouveau lieu a rapidement fait partie du paysage culturel du quartier de la gare.

Sept jours sur sept, on peut s’y déshaltérer et déguster des repas simples à des prix abordables; les commandes peuvent aussi être passées en ligne. Des manifestations gratuites variées et multiculturelles sont également proposées: cela va des heures de yoga à la bourse aux habits, en passant par des concerts, des concours de slam, des fêtes colombiennes ou des soirées tango. Les activités sportives, comme la pétanque ou le tennis de table, ne sont pas en reste. Évidemment, les visiteurs peuvent aussi flâner sur le terrain entre arbustes et plateformes constituées de palettes.

Comme particularité de l’affectation transitoire à La Galicienne, on peut citer la maison temporaire «House 2»: en 2017, des élèves de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont reconstruit à Malley le pavillon ouvert en bois long de 50 mètres et large de 9 mètres qui avait été édifié auparavant à Zurich et qui avait suscité beaucoup d’intérêt. Depuis lors, il sert d’espace d’exposition et de détente.

Un lieu d’échanges et de découvertes fort apprécié a ainsi vu le jour sur l’ancienne friche de Malley avec La Galicienne. Bien fréquentées, les manifestations participatives du projet «REPLAY: animer la friche de Malley» y ont aussi largement contribué. Le projet de revitalisation «REPLAY» est soutenu par le SDOL (Stratégie et développement de l’Ouest lausannois), par les communs de Renens, Prilly et Lausanne, ainsi que par le canton de Vaud.

Quand le temporaire influence le développement à long terme

Bien qu’ils ne soient actifs que durant la belle saison, les deux projets d’«I lake Lausanne» ont rencontré un grand succès et ont été prolongés. Leur rayonnement est important, si bien qu’ils influencent les développements futurs. À la Jetée de la Compagnie, la Ville de Lausanne prévoit désormais de créer un accès permanent au lac. Avec La Galicienne, c’est l’ouest de la ville qui a repris vie. En 2017, le magazine culturel lausannois Pop Up Mag considérait le site comme un passage obligé en été, le comparant même à ce qui se fait à Berlin (voir l’article). Le syndic de Prilly a même demandé que le parc et la place publics prévus, avec leur bar et leur restaurant, proposent des qualités et des attractions similaires à celles de La Galicienne.